Si les matchs de coupe du monde sont réservés à l’élite du commentaire sportif, il existe une foule d’autres événements beaucoup moins regardés où les commentateurs font preuve de créativité pour exister ou pour combler l’ennui. Certains avant-gardistes du commentaire, relayés au curling ou aux matchs de 7ème division, parviennent toutefois à transformer l’anodin en génie. Voici quelques-uns de leurs secrets – pas toujours recommandables – pour transcender l’ennui et atteindre une audience record.
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Le tennis c’est cool quand on assiste à un match Djoko vs. Nadal sur le court Suzanne Lenglen, mais lorsqu’il faut se farcir les premiers matchs du tournois opposant des joueurs sur le court numéro 22, il faut s’accrocher. En 2013, un homme a pourtant réussi l’exploit de faire braquer tous les regards sur une après-midi de tennis à Roland Garros pourtant ennuyeuse à mourir.
Le journaliste et commentateur Pierre-Etienne Léonard s’était fait remarquer par le Petit Journal de Yann Barthès dans une séquence depuis devenue culte. Alors que le journaliste commente des matchs diffusés uniquement sur le web, il a la sensation que personne ne l’écoute. Motivé par ce constat, il se lâche alors complètement, n’hésitant pas à dire clairement qu’il veut rentrer chez lui ou que la journée lui semble longue. Mieux que ça, il fait des blagues sur le physique des personnes venues assister au match. « Jolie coupe de cheveux. La couleur est essentielle, bicolore, c’est pas un Malabar c’est une coupe de cheveux. »
Surtout, ne vous censurez pas. Plus vous sortirez du cadre, plus vous allez faire du bruit sur les réseaux. Inspirez-vous au maximum de ce que vous entendrez dans Touche Pas à Mon Poste et devenez le Cyril Hanouna du commentaire sportif.
Cette séquence culte du célèbre trio Les Inconnus est un parfait exemple de ce qu’il est possible de faire pour meubler une séquence ennuyeuse… si on a de bonnes informations.
Quand les moments d’avant compétition manquent d’intérêt, rien de tel qu’une bonne rumeur pour combler les blancs et garder le spectateur à l’affût. Dans ces moments-là, les commentateurs se transforment alors en animateur n’ayant plus rien à envier aux plus intrusifs des magazines people. Rien n’est plus interdit lorsqu’il s’agit d’intéresser des commères du sport en manque d’informations à la fois inutiles et indispensables. Le ragot, ça marche à tous les coups.
Devenez une vraie commère. Connaissez la vie privée des sportifs mieux que la vôtre. Si vous êtes au fait des petites histoires de sportifs, vous construirez la grande histoire du sport.
On ne le dira jamais assez, il n’y a qu’un seul secret pour percer : l’entraînement, l’entraînement, l’entraînement. L’une des qualités premières du commentateur est de savoir transformer le néant en quelque chose d’intéressant. C’est précisément ce qu’ont démontré certains journalistes privés de match – pour cause de pandémie – qui se sont alors mis à commenter tout et n’importe quoi, pour le plus grand plaisir des fans de sport qui traînent sur les réseaux.
Le commentateur Ecossais Andrew Cotter fait partie de ceux-là. Durant le confinement, il a posté une vidéo de ses chiens en train de manger. L’Ecossais commente l’action, et parvient à nous faire entrer dans son jeu. Mais qui finira son bol de croquettes en premier ? « Olive, concentrée, déterminée, elle se régale, il ne reste plus que le bol à lécher. Deux grandes rivales, mais deux amies aussi. Voyez comme elles échangent leur bol à la fin. » Si la séquence paraît anecdotique, sa vidéo à quand-même comptabilisé près de 18 millions de vues. C’est maintenant sûr, n’importe quelle séquence peut être magnifiée par un bon commentaire.
Nick Heath de la BBC a lui aussi mis à l’épreuve ses qualités de commentateurs, et on peut dire que c’est réussi. De son côté, il commente l’environnement de son quartier Londonien de Tooting. Un cycliste qui passe ou un piéton qui attend pour traverser la route se transforment en événement de grande ampleur, ici encore magnifié par les talents du journaliste.
Entraînez-vous avec ce que vous avez sous la main, sachez vous diversifier. Utilisez l’humour ou l’exagération pour transformer quelque chose d’initéressant en pépite de divertissement.
Quoi de plus ennuyeux que de suivre un match à la télé sans avoir les images ? Pas grand chose. Malgré ce constat, l’animateur de RMC Yoann Riou a mis toutes les chances de son côté pour apporter un petit truc en plus. Ou plutôt un gros grain de folie en plus, qui l’a même depuis fait décoller dans le monde du showbiz.
Si ça a fonctionné, c’est sûrement que sa personnalité dépasse celle des matchs qu’il commente. Lui aussi pourrait imiter ses confrères anglais et commenter une marre à canard, on viendrait quand-même le regarder. Yoann Riou est la preuve vivante qu’on regarde aussi le sport à la télé pour retrouver les visages familiaux de ceux qui nous les présentent.
Oubliez-vous, prenez des substances si c’est nécessaire – on plaisante – mais ne soyez pas timides. Assumez votre personnalité et les gens ne viendront plus que pour vous entendre. Vous êtes exceptionnel.
Ce n’est pas pour rien qu’il est si agréable de faire la sieste devant le tour de France, car le programme en lui-même intègre bien d’autres choses que du sport. Le Tour de France c’est du vélo et des étapes de montage, mais c’est aussi la découverte du patrimoine Français vu d’hélicoptère, des grosses chutes, des problèmes techniques, des engueulades entre cyclistes, des spectateurs éméchés qui courent à côté des coureurs ou qui exposent certaines parties intimes. Autant d’éléments qui dépassent la pratique du vélo et qui font partie intégrante de ce qu’on recherche entre deux siestes un jour d’étape de plaine.
Sachez voir ce qu’il y a de mieux dans ce que vous commentez, n’hésitez pas à vous intéresser aux à-côtés, même à tout ce qu’il y a à côté. Des fumigènes aux pancartes revendicatives en passant par des spectateurs au style marginal, nombreux sont éléments qui pourraient se révéler d’une grande utilité pour créer de l’animation.
