Le deuxième plus jeune joueur de L1 de l’histoire est peut-être aussi le consultant foot le plus coquin et le plus décomplexé de tous les temps. On a une admiration sans limite pour les interviews trilingues exceptionnelles de ce trublion des bords de terrain.
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Le « Petit Mozart »
Au fil de sa longue et très humoristique carrière d’homme de bord de terrain pour Canal +, Laurent Paganelli s’est avéré être la personne la moins apte au monde à parler une autre langue que la sienne. Mieux que ça, il semble même avoir été destiné à une mission presque divine : bousculer les codes d’un football trop formaté. Il nous régale ainsi depuis plus de vingt ans avec sa bonne humeur, ses conneries, son côté décomplexé et ses formules devenues de véritables mèmes. « Un grande rougador » et « en tous cas on te le souhaite » en tête.
Pourtant, à ses débuts, le jeune Paganelli était promis à une grande carrière pro. Il est d’ailleurs le deuxième plus jeune joueur à avoir joué en première division lorsqu’il foule pour la première fois les pelouses de D1 avec l’AS Saint-Étienne en août 1978 à seulement 15 ans et 10 mois. « Je collais des images Panini, et du jour au lendemain je me suis retrouvé avec des pros en finale de la Coupe d’Europe », a-t-il confié à Canal +. Mais « Le Petit Mozart », comme on l’appelle alors, ne servira finalement pas le football sur le terrain comme on aurait pu le penser, mais plutôt au bord de celui-ci.
Coupe Mulet & MJC
Tout jeune, il arbore fièrement la coupe mulet, un regard déjà aussi malin qu’espiègle et une facilité déconcertante à jouer au football. Mais Laurent Paganelli ne verra pas sa carrière pro décoller, sûrement à cause de son penchant pour un foot plaisir. « Malheureusement, du moment où on m’a dit qu’il fallait arrêter de dribbler, ma carrière était finie. » Après des passages à Toulon, Grenoble, puis Avignon, le trublion ardéchois se reconvertit en éducateur dans une MJC avant de débarquer presque par hasard sur l’antenne de Canal + en décembre 97. Il y commente un Nice-Lille qui va alors tout changer pour lui.
Grâce à un arbitre blessé, le petit pape du commentaire décomplexé profite d’un interruption de 30 minutes de jeu pour laisser jaillir ce qu’il a au plus profond de lui, se laissant guider par son instinct débridé. Il se met a déconner, va parler aux joueurs alors que ça ne se fait alors pas vraiment, et se donne pour la première fois en spectacle avec un humour et une sympathie qui feront sa renommée. Sa folle recette fonctionne, Canal adore, Laurent s’est éclaté comme un gosse… tout le monde est content. Il ne quittera alors plus les grilles de Canal + et deviendra le déconneur préféré des amateurs d’un football détendu qu’il a contribué à façonner.
Balotelli & Lucarne d’Or
Depuis ce fameux match de 97, on ne compte plus les actions mythiques à mettre au crédit de notre homme de terrain préféré. Ses plus belles restent sans aucun doute ses interviews en langue étrangère, durant lesquelles Paga se transforme en un genre de mime tentant de traduire ses pensées avec un mélange de signes et de mots qui n’existent pas. Le tout prononcé avec un accent aussi chantant que charmeur.
Les apparitions soudaines de son micro provoquent autant d’étonnement que de sourires sur le visage de certains grands footballeurs étrangers qui débarquent dans notre championnat, désemparés pour notre plus grand plaisir. Comme lorsqu’il vient interrompre Mario Balotelli en plein massage pour lui remettre le trophée du meilleur joueur du match, l’action finit en une interview complètement lunaire en trois langues. Dès qu’il a l’occasion de faire des conneries, il les fait. Comme en 2009, lorsqu’il se dénude sur le plateau du Grand Journal de Michel Denisot pour faire la promo de son livre Paga à nu, foot, télé & rock’n’roll … C’est ce qu’on appelle avoir le sens du marketing et de la suite dans les idées. Même le destin semble le vouer à faire rire son entourage. Pour preuve, il a un temps été suspecté de porter la poisse à tous ceux qu’il approchait, faisant perdre une équipe rien qu’en tendant son micro. Certains coachs préférant l’éviter à la mi-temps pour conserver l’avantage acquis en première période. Le flair quoi…
Malgré ses nombreuses et amusantes frasques, Laurent Paganelli n’en est pas moins un grand amoureux du football doublé d’un spécialiste hors pair. Il a d’ailleurs été récompensé en 2013 de la Lucarne d’Or, qui décerne le prix du meilleur journaliste en bord de terrain. A l’époque de Saint-Etienne, son coéquipier Jean-François Larios avait fait une description de Paganelli d’une justesse étonnante : « Il mène sa vie comme il l’entend, c’est une vie faite de rire, de joie, et surtout d’insouciance. ». Longue vie à toi Paga, en tout cas on te le souhaite !
Paganelli en vidéo ↓
