Planche est une web-série créée par un passionné de basket et de skate qui est allé à la rencontre de sportifs de la rue mais aussi d’artistes qui proposent une vision différente de leur sport. Nous avons rencontré Victor Charrier, le créateur du projet Planche, pour discuter sport amateur, terrains de quartier ou encore basket underground.
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De New-York à Berlin en passant par Paris, la web-série Planche est un projet artistique tourné autour du basket et du skate, mêlant vidéo, photo, design graphique et musique. Créé par le Toulousain Victor Charrier, Planche est une manière pour lui d’explorer le monde du sport amateur de manière singulière et artistique. Au détours des petits terrains de quartier qu’il visite et des rencontres qu’il y fait, Victor Charrier tente d’apporter un regard différent sur le skate et le basket, deux pratiques à l’accent créatif intimement liées à la rue. Le côté réellement underground de ces deux disciplines transparait à merveille au travers des deux premiers épisodes de cette série comme on aimerait en voir plus souvent.
Peux-tu nous expliquer le concept de Planche ?
J’ai commencé ce projet aux beaux-arts il y a quelques années. Au tout début l’idée était d’imaginer en 3D le terrain de basket idéal, en prenant en compte tous les avantages et les inconvénients des terrains qui sont dans la rue. J’en avais fait une mini édition qui s’appelait Planche, en rapport au panier de basket. Au fil des années j’ai un peu laissé de côté la question du terrain idéal, qui est très subjective. Quand je suis parti à New-York j’ai filmé beaucoup de choses, et j’ai commencé à monter une espèce d’archive de basket, mais aussi de skate. Mais ce qui a vraiment déclenché le projet vidéo, c’est l’interview que j’ai faite avec Kevin Couliau qui a apporté un discours et de la forme aux images que j’avais tourné. L’objectif est de parler de ces deux choses, le basket et le skate, et de voir ce qui peut se croiser.
Il y a des terrains qui ont une importance particulière à tes yeux ?
Je suis de Toulouse, donc forcément le Stadium, qui est assez mythique. C’est Le spot pour jouer au basket en extérieur à Toulouse. Il y a cinq ou six terrains alignés sous un pont, ça permet d’y aller quand il pleut, ce qui est un énorme avantage. A une période c’était vraiment Le terrain où on pouvait aller voir des gros matchs de gars qui se rencontrent. Il y avait des terrains où c’était très chaud, avec une ambiance particulière, il faut y être pour le vivre. C’est un des trucs qui a fait que cette passion pour le street est née et que j’ai aujourd’hui envie d’en parler. Ce terrain m’a marqué. D’ailleurs, il y a toute une séquence sur le Stadium dans le troisième épisode qui arrive.
On pourrait dire que les petits terrains de quartier ont plus d’importance que les grandes franchises ?
Les deux sont aussi importants, mais pas à la même échelle. On ne va pas chercher la même chose dans les deux. Sur un terrain de quartier, tu rencontres du monde, et tu peux découvrir des gens qui ont une culture complètement différente de la tienne. Il y a un langage qui s’instaure, même pas forcément verbal. Parfois c’est simplement un langage corporel. Sur les petits terrains extérieurs, tu vas chercher la rencontre, une certaine atmosphère aussi, rien qu’avec la lumière qui change. Chaque jour est différent, toutes les sessions sont différentes. Tu n’as jamais la même appréciation de ta session de basket, alors que quand tu vas au stade c’est pour apprécier un spectacle. Plus qu’un échange avec des gens, mais sans dénigrer du tout, je suis un énorme fan des deux.
Le basket street c’est un truc underground ?
Complètement. C’est d’ailleurs assez nouveau que le basket soit vu comme une espèce d’art, c’est au moins reconnu qu’il y a une vraie esthétique dedans. Ça devient un peu à la mode aujourd’hui, ce qui est très bien. Dans le skate ça a toujours existé, le fait qu’il y ai des photographes, des gens qui font de la musique etc. Le skate à un côté culturel qui est très fort et que l’on retrouve très peu dans les autres sports. C’est un peu nouveau de voir des gens qui font de la musique, de la photo, de la vidéo sur le basket, ça devient de plus en plus important. Un des objectifs de la série est d’essayer de sortir de cette image de sport très classique où on ne s’intéresse qu’à la performance et au résultat.
Tu dirais que le sport amateur prend du grade ?
J’ai l’impression. Il suffit de voir la Hoops Factory à Paris, ça montre que le basket prend de l’ampleur. Depuis cinq ou six ans, il y a de plus en plus de monde qui joue. C’est pour ça qu’il est difficile de trancher entre le basket pro et amateur. Parce que c’est aussi grâce à des gens comme Tony Parker qui ont poussé le basket en France comme peu de gens l’ont fait avant. Je vois de plus en plus de gens qui s’intéressent au basket grâce à la NBA. Le skate aussi est hyper influent culturellement, on en voit partout, c’est de plus en plus à la mode. Il y a un parallèle à faire entre ces deux sports qui sont très esthétiques, qui marquent visuellement. Kevin Couliau en parle dans le premier épisode, ce qui est sûr c’est que le basket de rue représente peut-être 90% de la planète basket. C’est très bien de le souligner parce que c’est vrai, et c’est important de ne pas l’oublier.
Tu as prévu de sortir une édition pour chaque épisode, tu peux nous en dire plus ?
Oui, la première est presque finie. Le but est de faire une extension de l’épisode, pour aborder des sujets qu’on n’a pas traité. Il y a l’interview complète de Kevin Couliau qui a duré une heure alors que l’épisode dure 18 minutes… Il y a aussi des photos exclusives de Kevin, à qui j’avais donné un appareil photo jetable en lui demandant de faire des photos. Il y a d’autres interviews, notamment de gars que j’ai rencontré à New-York. Chaque édition apporte des compléments aux épisodes et permet de mettre en valeur mon travail de photo qui n’est pas présent dans les vidéos.
Tu a créé un kit pour basketteur de rue, tu peux nous en dire plus ?
C’est un truc qui a fait partie de mes recherches qui étaient dans la toute première édition. C’est difficile de jouer n’importe où au basket, alors qu’en skate tu n’as pas besoin d’un skatepark. J’avais essayé de réagir à cette idée en créant un kit de basketteur que tu peux emmener avec toi pour pouvoir jouer partout. On peut monter son panier sur un poteau dans la rue ou n’importe où. En ville il y a toujours des endroits où tu peux faire du skate, ce n’est pas le cas pour le basket.
Ne loupez pas l’épisode 3 de la web-série Planche, réalisée par Victor Charrier, Mehdi Thiriot, Guillaume Berneau, Leo Lecerf et Félix Charrier
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