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Stef Bojic, rencontre avec l’inventeur du tennis freestyle

Nous avons rencontré Stefan Bojic, le pionnier du tennis freestyle, qui est venu nous donner une leçon de jonglage raquette en main. Celui qui a réussi à populariser sa discipline grâce aux réseaux sociaux est venu évoquer ses inspirations, du surréalisme jusqu’au parkour, et les opportunités de développment d’une pratique qu’il ne considère pas encore comme un sport.

Je m’appelle Stef Bojic, j’ai 30 ans, je viens de Serbie et j’ai fait du freestyle tennis ma spécialité.

Comment définirais-tu le freestyle tennis?

Quand j’ai commencé le freestyle tennis, je considérais ça comme une série de techniques élémentaires. L’idée était que ce soit une pratique élémentaire qui puisse venir s’ajouter au tennis. Par la suite, ça s’est naturellement retranscrit sur le court. Parce que les gens me demandaient souvent “Mais est ce que tu sais vraiment jouer au tennis?”. De là, je me suis dit « ok, regardez ce que je sais faire sur un terrain ». Ensuite, j’ai commencé à filmer des vidéos qui étaient principalement centrées autour des trickshots.

En terme de freestyle, il n’y a pas de définition précise et ça m’étonnerait qu’il n’y en ait une dans le futur. Pour faire simple, c’est plus une exploration de ce qu’il est possible de faire avec une raquette et une balle.

Qu’est ce qui t’as plu dans le freestyle?

Ça m’embêtait que mes amis footballeurs et basketteurs soient capables de faire des choses en dehors du terrain, de s’entraîner et de progresser alors qu’au tennis il fallait réserver un terrain, avoir un coach, avoir des balles. Tout ça n’était pas vraiment accessible en Serbie à l’époque. C’est un peu de là que vient l’idée du freestyle tennis, qui s’inscrit dans la lignée de tous les sports freestyle, et dans le prolongement de la culture hip-hop.

Beaucoup d’influences de différentes parties de ma vie m’ont amené à façonner cette pratique. Si on prend la France par exemple, je dirais que le surréalisme a joué un rôle important dans ma compréhension de l’art quand j’étais jeune. Dans un autre registre, le parkour représente également une philosophie très inspirante pour moi. David Belle, qui est un peu le fondateur du parkour, a été une de mes grandes sources d’inspiration. Un des pionniers du skate, Rodney Mullen, a lui aussi été important pour moi. Il en va de même pour tout le mouvement de basket “And One”, composé de joueurs de streetball. C’était différent des Harlem Globetrotters qui jouaient essentiellement pour divertir le public. Pour moi, ce n’est pas seulement faire le show mais j’essaye aussi de garder une dimension athlétique dans ce que je fais, comme le faisait les mecs du mouvement “And One”. C’est le standard pour moi.

Ensuite, il y a “Joga Bonito”, le football à la Brésilienne, avec Ronaldinho ou Travis Pastrana avec sa moto. A vrai dire, toute personne ayant introduit une sorte de révolution dans son sport est un héros pour moi. Ce n’est même pas d’un point de vue des résultats mais plutôt ce qu’a fait cette personne pour leur discipline. C’est ma vision des choses.

Qu’est ce qui fait un bon freestyleur?

Tout est une question de coordination, de contrôle de son corps et de créativité bien évidemment, qui prévalent peut-être même sur la performance. La pratique freestyle est d’abord esthétique et elle se transforme en un sport dans un second temps lorsqu’on se familiarise avec et que s’y introduit un esprit de compétition. Les freestyleurs se distinguent par la maîtrise de leur corps et de leurs muscles, qui est tout simplement incroyable, et par leur capacité à entrer dans une discipline et à y amener cette nouvelle dimension, qui ouvre la voie pour les autres pratiquants.

Comment le freestyle peut-il évoluer?

C’est toujours une pratique très jeune, l’intérêt des grandes marques et des tournois prouve l’engouement grandissant de la discipline et qu’il y a bien quelque chose à faire. La question est comment va-t-on l’exploiter et qui va pouvoir en profiter. Tout cela reste doit encore se dessiner. Et c’est cela même qui définira ce qu’est le tennis freestyle. Je n’ai pas encore perfectionné le côté performance puisqu’il n’y a pas vraiment de demande. Pour moi, c’est difficile de s’efforcer à s’entraîner sans plateforme. 

Avec la nouvelle génération, je trouve qu’il y a un potentiel de développement important : créer des teams, ce genre de choses où les joueurs peuvent s’entraider pour grandir. A partir de ce moment-là, on pourra véritablement parler de freestyle tennis. Pour l’instant, j’ai toujours du mal à considérer ça comme une pratique à part entière.

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