Michaël Plasse – aka Jason – possède une sacrée collection de stickers de skate. La légende veut même que le propriétaire du skate shop lyonnais Wall Street n’en ai jamais collé un seul en 30 ans. Il a réuni ses plus belles pièces dans un superbe livre, qu’il publie en ce moment même. Nous avons rencontré l’homme shooté à la colle néoprène.
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« À l’époque les stickers c’était un outil de communication, c’était le nerf de la guerre pour communiquer, si tu voulais que ta marque prenne il fallait faire des stickers et en coller de partout. »
Michaël ‘Jason’ Plasse
Quand as-tu commencé ta collection ?
J’ai commencé le skate à 14 ans, et la collection à 16 ans. Tout le monde collectionnait quelque chose à l’époque, c’était un peu la mode. Il y avait tout le délire des stickers Panini avec les albums, ou même les cartes de baseball aux USA. Dans le skate, beaucoup collectionnaient les magazines ou les pubs de magazine qu’ils arrachaient, et ils se faisaient des pochettes. Chacun avait son truc de collection, et moi c’était les stickers. Il n’y a jamais eu d’albums pour les stickers de skate, une boîte de chaussure faisait l’affaire.
Pourquoi les stickers ?
J’aurais bien aimé collectionner les planches, mais je ne pouvais pas me les payer. C’était super cher, donc je gardais les stickers à la place. Ça faisait en plus un petit rappel à la planche que j’aurais aimé avoir.
Coller un sticker c’est un sacrilège pour toi ?
Je suis toujours parti d’un principe simple : quand j’ai des stickers en double je peux les coller, mais ceux que je n’ai pas il ne faut surtout pas que je les colle. J’ai longtemps fait chier un peu tout le monde, quand je voyais un pote sur le point d’en coller un que je n’avais pas je ne le laissais pas faire (rires).
Pourquoi les skateshops ne filent plus de stickers – ou moins ?
Nous on en file toujours quand on en a. C’est vrai qu’il y en a beaucoup moins qu’avant, les marques en donnent moins. Avant ça allait avec les produits, ça faisait partie de la culture. Quand on recevait des produits d’une marque, on recevait des stickers avec. Chaque fois qu’on faisait une commande, on prenait des stickers et on en donnait tout le temps. Aujourd’hui, ça se fait un peu moins.
Comment tu expliques ça ?
Peut-être le budget. Et puis maintenant il y a les réseaux sociaux… Les marques ont moins besoin de ça. À l’époque les stickers c’était un outil de communication, c’était le nerf de la guerre pour communiquer. Si tu voulais que ta marque prenne il fallait faire des stickers et en coller de partout. C’était la communication “gratuite” d’une marque. Maintenant la communication “gratuite” d’une marque c’est les réseaux sociaux.
Tu collectionnes d’autres trucs ?
Juste les stickers. J’ai aussi accumulé quelques boards, mais en restant raisonnable par rapport à certains. Les boards coûtent cher et ça prend de la place à garder. Mais je regrette de ne pas avoir gardé certaines boards de l’époque, qui étaient super cool. Ça a pris beaucoup de valeur, et puis ça a rebaissé un petit peu parce que les marques font maintenant des rééditions. Ça a fait perdre un peu de valeur aux boards de l’époque.
C’est pas la taille qui compte pour les stickers ?
Tout à fait, c’est plus la rareté du sticker. Après j’ai quelques stickers qui sont gros et très rares. Les gros il n’y en avait qu’en petite quantité, alors que les petits étaient produits en masse. Quand Santa Cruz faisait ses petits stickers ils en produisaient des millions.
Tu crées tes propres stickers pour ton skateshop Wall Street…
Ouais, on essaie de faire perdurer ce phénomène de donner des stickers à chaque vente. Mais c’est un budget, parce que bien sûr on essaye de bien faire les choses en ayant de beaux dessins, de belles couleurs et un beau rendu.
Si vous voulez mettre la main sur certains des stickers de Jason, il vous faudra passer faire un tour chez Wall Street à Lyon ou à Biarritz. Si vous voulez les toucher avec les yeux, vous pouvez vous procurer son livre ici.
En plus des 1.200 stickers sélectionnés dans sa collection de plus de 5.000 pièces, le livre de 240 pages comporte également des interviews de légendes du skate. John Cardiel, Chris Miller, Ed Templeton ou encore Steve Alba racontent leurs anecdotes et mettent des mots sur ce que représente le sticker dans la culture skate. Tout un monde.
« Les stickers c’est spécial car ça te ramène à ton enfance. Ils te renvoient au moment où tu réalises que tu fais partie de « la tribu », quand tu te fais accepter par les autres jeunes qui rident aussi un bout de bois. » Steve Alba.