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Lamar Odom : Lakers, drogue et Kardashian

Lamar Odom est un homme à part. L’ancien joueur des Los Angeles Lakers a su résister à une addiction aux drogues dures, se relever de plusieurs jours dans le coma, pour (enfin ?) vaincre la « malédiction des Kardashian » et prendre sa revanche sur la vie. Biographie d’un miraculé.



Lamar Odom est le genre d’homme qui en laissait peu indifférents lorsqu’il foulait les parquets. Tout chez lui participait à faire apprécier le personnage : de ses manières décontractées à son grand sourire, en passant par une aisance balle en main assez rare pour un joueur au poste d’ailier fort dans les années 2000. 

Pourtant, toutes ces attitudes, cette générosité et sa joie de vivre apparente étaient en réalité un masque derrière lequel « Candy Man » cachait de nombreuses peines. Il aura vécu une jeunesse traumatisante et prendra inévitablement un chemin parsemé de drames, de drogues et de victoires éclatantes. Un destin de vie façon roller coaster.


ERREURS DE JEUNESSE ET PERMIERS REBONDS

Rien ne sera simple pour Lamar. Après avoir envisagé de rallier la NBA après le lycée, il décide finalement de rejoindre l’Université du Nevada et de représenter les Runnin’ Rebels dans le championnat universitaire américain (NCAA). Il y connaîtra ses premiers déboires médiatiques et ne portera finalement jamais le maillot de cette équipe, l’université décidant de révoquer sa bourse en raison d’un article de Sports Illustrated mettant en doute ses résultats aux tests d’admission, et évoquant une arrestation pour avoir sollicité des prostituées. 

C’est à l’université de Rhode Island que Lamar finit par trouver sa place, aux côtés de son mentor Jerry DeGregorio, recruté par l’université en tant qu’entraineur adjoint. C’est là qu’il aura enfin l’occasion de montrer aux yeux du monde son talent pour le basket, en enchaînant les matchs et les prestations remarquées. Chassant ses démons et les doutes qui l’entourent, Lamar se dirige droit vers la NBA. 

En 1999, Lamar le New-Yorkais rejoint donc la NBA et atterrit à Los Angeles. Les Clippers le sélectionnent en 4e choix de la draft. Les mauvaises langues noteront que la poisse continue à le suivre, puisque les Clippers sont à l’époque considérés comme l’une des pires franchises de la ligue. Très vite, son talent atypique et son grand sens du collectif font merveille, lui permettant même dès la fin de sa première saison d’être nommé dans la All-Rookie First Team, l’équipe des meilleurs jeunes de la ligue. 

Mais ses démons refont surface et en Mars 2001, il est suspendu une première fois pour avoir consommé de la marijuana. Rebelote 8 mois plus tard : il admet être accro à la fumette et se soignera lors d’un passage en désintox, s’efforçant de retrouver le fil d’une carrière qui commence déjà à lui glisser entre les doigts. 


DE MIAMI AU RETOUR À L.A : DES JOURS HEUREUX OU PRESQUE

Son contrat avec les Clippers ayant pris fin, Odom accepte en 2003 une proposition du Heat de Miami, au sein duquel il se relancera avec succès. Le pari est gagnant, son aventure floridienne lui permet de renouer avec des standards statistiques plus que satisfaisants – 17.1 points, 9.7 rebonds et 4 passes décisives par match. Sa cote remonte et le Heat en profite pour l’inclure dans un échange avec les Lakers et récupérer la superstar Shaquille O’Neal. Lamar est de retour dans la cité des anges et cette fois dans l’une des plus prestigieuses franchises de la ligue. 

Un drame qui aurait pu faire replonger le joueur, qui semble toutefois mieux entouré que jamais. Petit à petit, alors que les Lakers progressent d’année en année, Lamar prend de plus en plus de place dans le jeu comme dans les vestiaires. On le voit prendre la parole avant les matchs, motivant les siens, avec cette énergie et cet enthousiasme qui le caractérisent. Il sera même élu meilleur sixième homme de l’année en 2011. Cette période sera sans conteste la plus belle de sa carrière.

Après une première saison compliquée aux côtés de Kobe Bryant sous les couleurs Purple and Gold, marquée par une blessure, Lamar profite comme son équipe du retour du légendaire coach Phil Jackson pour se remettre en route. Il se sent bien à L.A. et cela se ressent dans son jeu et dans son comportement sur et en dehors du parquet. Pourtant, en 2006, le destin s’acharne encore et toujours sur Lamar : il perd subitement son fils, âgé de tout juste six mois.

Entre la réussite sportive (deux titres avec les Lakers en 2009 et 2010), et financière (il signe avec la franchise de L.A. pour 33 millions de dollars sur 4 ans en 2009), Lamar semble enfin libéré de ses démons, pour la plus grande joie de ses coéquipiers et des fans de NBA qui l’imaginent alors lancé vers une belle fin de carrière.


LA « MALÉDICTION DES KARDASHIAN »

C’est pourtant tout l’inverse qui va se produire. La NBA est un univers impitoyable pour les joueurs : Lamar, particulièrement heureux à Los Angeles, est inclus dans un échange par les Lakers et se retrouve envoyé à Dallas, dans le Texas. 

Il est d’autant plus meurtri qu’il prend connaissance de cet échange dans la presse et ne trouvera finalement jamais sa place dans cette franchise. Au lieu de se réfugier dans le travail, il se disperse, aidé en cela par l’entourage particulièrement médiatique de sa femme. 

Deux ans plus tôt, Lamar a en effet rencontré la star de télé-réalité Khloé Kardashian sous le soleil de L.A. et l’épouse quelques semaines après. Une union qui ne laisse rien présager de bon pour l’avenir de sa carrière. L’ultra médiatisée famille Kardashian traîne aux Etats-Unis une réputation qui n’est plus à faire. Ces dernières années, la famille a acquis une popularité immense, notamment grâce à la télé-réalité et aux réseaux sociaux. Les amourettes de chacune des sœurs Kardashian subissent ainsi le même traitement médiatique que tout autre aspect de leur vie. Une situation qui ne semble pas être de tout repos, d’autant que le destin semble s’acharner sur les conquêtes des filles Kardashian. 


LES KARDASHIAN ET LE SPORT

Au rayon NBA, on peut citer James Harden, le barbu le plus connu du monde sportif a lui aussi côtoyé Khloé Kardashian durant un an, en 2015. Une année que le joueur décrit aujourd’hui comme « la pire de sa vie ». Depuis leur rupture, le joueur des Houston Rockets a repris le fil de sa carrière, étant nommé MVP de la ligue en 2018. 
Plus récemment, c’est le pivot des Cleveland Cavaliers Tristan Thompson qui s’est essayé à une relation amoureuse avec Khloé. Une relation qui s’est étendue de 2016 à 2019, durant laquelle le joueur connaîtra ses moins bonnes années, touchant même le fond lors de la saison 2017-2018, sa pire en carrière d’un point de vue statistique. Jalen Rose, correspondant pour la chaîne ESPN reprenant alors une théorie qui circule depuis des années sur internet, celle du « Kardashian Curse » (La malédiction des Kardashian).
Le cas Chandler Parsons est également mis en avant par les plus fervents adeptes de cette théorie. En 2013-2014, l’ailier fait la meilleure saison de sa carrière… jusqu’à ce qu’il entame un flirt avec Kendall Jenner. Depuis, Chandler Parsons n’a jamais réussi à retrouver son niveau et enchaîne les blessures depuis plusieurs années. Coïncidence ?

Désormais brandé Kardashian, Lamar devient rapidement l’invité régulier de la célèbre émission mettant en scène la vie de la famille. Il devient même le héros d’un spin-off de la série centré sur le couple et sobrement intitulé « Khloe & Lamar ». La situation est intenable pour le joueur qui décide finalement de se retirer, arguant que les tournages l’épuisent. En parallèle, à l’ombre du show-business, tout part à vau-l’eau, sa vie est de nouveau en train de lui échapper complètement. 

Il y a d’abord ce changement de franchise et ce départ forcé pour Dallas, qu’il n’a jamais vraiment acceptés comme il le racontera des années plus tard, expliquant que sa carrière et sa détermination ont alors été brisées. En même temps, passer de L.A. à Dallas, ça ressemble pas mal à un déménagement de Monaco à Angers, avec tout le respect qu’on a pour les Angevins.

Conséquences : une arrestation pour conduite sous influence et une peine de trois ans de probation alors qu’il venait de signer un nouveau contrat avec les Clippers pour rentrer à L.A.. Petit à petit, les rumeurs enflent, le joueur aurait un problème avec de nouvelles drogues, notamment la cocaïne, et aurait refusé de se soumettre à un test de dépistage. Le début de la “vraie” plongée aux enfers. 


« DOWN » IN THE DARK



En 2015, alors que la NBA a tourné le dos à Lamar depuis deux ans et une dernière saison chez les Clippers, il fait désormais plus parler de lui dans les rubriques people et faits divers que dans les émissions sportives. Khloé Kardashian demande alors le divorce. Lamar vient en plus de cela de perdre son meilleur ami et compagnon de défonce, Jamie Sangouthai, mort d’une overdose. C’en est trop pour lui. Il perd pied. 

On le retrouve inconscient le 13 octobre 2015, au Love Ranch, un bordel légal du Nevada. Dans le coma, « Candy Man » frôle la mort à de nombreuses reprises, survivant à douze AVC et six crises cardiaques, rien que ça. Plus tard, le joueur niera avoir abusé de drogues ou d’alcool ce jour-là, expliquant seulement avoir « bu un verre pour lancer la soirée. Je me souviens être au lit et il y avait deux femmes et puis je me suis endormi. » 

De Dwayne Wade jusqu’à Paul Pierce, de très nombreux joueurs lui rendent alors hommage. Kobe Bryant quitte même précipitamment la salle des Lakers après un match pour se rendre au chevet de son pote. Pendant plusieurs jours, le monde de la NBA retient son souffle, espérant voir Lamar émerger enfin de ce terrible cauchemar. Finalement, après quatre jours, il sort du coma dans un sale état. Incapable de marcher, en difficulté pour parler, affichant une mémoire défaillante, Lamar s’en remet à ses proches, et notamment à sa femme Khloé, qui a retiré sa demande de divorce, et ses enfants – issus d’une première union – pour remonter la pente. Alors que son état s’améliore, ce sont ces derniers qui vont finalement réussir à le pousser à se ressaisir. 

En 2016, il divorce malgré tout et s’éloigne alors de l’univers ultra médiatique des Kardashian et de la « malédiction » qui les entoure. Reprenant sa vie en main, il monte une boite de production « Rich Soil Entertainment » et fera quelques apparitions dans des séries et des publicités. Afin d’exorciser définitivement ses démons, Lamar décide de se livrer sur sa vie et son état, que ça soit à l’écrit, pour The Player’s Tribune (« Done in the Dark ») ou dans un témoignage vidéo poignant.

Près de 7 ans après son dernier match en NBA, que retient-on de la carrière de Lamar Odom ? Le joueur, tantôt inconstant tantôt magicien, possédant dans son ADN ce petit quelque chose d’irréel qui le rendait à la fois capable de mener le jeu et de rivaliser avec des « big men » dans les raquettes ? L’homme au vécu dramatique, l’écorché vif, et pourtant si généreux avec les siens, si compatissant, que les témoignages de ses anciens coéquipiers nous aident à mieux cerner ? La star, qui n’a pas hésité à se jeter corps et âme dans l’ultra médiatisation de la famille Kardashian, dans la cocaïne et ses excès, qui a fini par se brûler les ailes avant de tenter de remonter la pente ? 

Pour beaucoup de fans de basket, Odom restera ce gaucher technique, atypique, incroyablement collectif, capable d’actions de génie, une pièce parfois centrale pour son équipe sans en être ni le meilleur joueur, ni le plus médiatique. Un joueur à part, qui permettait aux stars de se sublimer, qui apportait une dimension presque poétique à son sport. Un joueur qui nous manque, mais qui, par chance, ne nous a pas encore quittés. 

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