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Episode #1 | Djoker


ETENDART STORIES | EPISODE 1


NOVAK DJOKOVIC





LE PROJET DJOKER

Le terrain de sport est et restera un lieu de mélange social. Un lieu qui crée du commun par la passion et donne sa chance à tous, au-delà des différences. C’est avec ces convictions que nous avons créé l’association Etendart pour promouvoir le sport, sa pratique et sa culture par la conception de terrains inspirants, décorés par des artistes. Des lieux de fête et de ferveur, de création collective, de dépassement et d’apprentissage pour tous, qui célèbrent le sport, ses histoires et tous ceux qui y contribuent. C’est donc un retour aux sources, qui fait prévaloir la vision du terrain comme lieu de naissance et d’expression des rêves et des émotions contre celle d’outil technologique multifonctionnel et marchand.

C’est dans cet esprit que nous avons mené notre premier projet, au stade Racine de Clichy la Garenne. Nous avons entièrement rénové un terrain de tennis, puis l’avons décoré à l’effigie de Novak Djokovic : un personnage coloré, qui valorise la culture et l’éducation et en constante recherche de performance. Cette initiative a été rendue possible par son soutien et en premier lieu par celui Lacoste, qui en a apprécié la dimension sportive, artistique et sociale. La réalisation est ensuite le fruit d’une collaboration avec plusieurs partenaires, qui ont assuré la rénovation et la décoration d’un terrain à l’image de celui qu’on surnomme « The Wall ».

Le projet ne s’arrête pourtant par là car il revêt une dimension sociale et sociétale importante. Notre association a pour objectif de faire vivre les terrains et de les animer en les mettant à disposition de tous, et notamment de ceux qui en ont le plus besoin. Depuis fin juillet, nous organisons des stages de tennis gratuits à destination des enfants de Clichy qui ne partiront pas en vacances. A la rentrée, nous nous appuierons sur le tissu associatif local pour lancer une Académie Etendart, qui accompagnera 50 jeunes dans un programme alliant cours de tennis, soutien scolaire, aide à l’insertion professionnelle et éveil créatif. Sur les créneaux non utilisés, le terrain sera par ailleurs utilisable par tous, gratuitement et sans réservation.














Comment as-tu commencé à peindre ?

En 97 ou 98, j’étais passionné par la culture skate, on se baladait beaucoup dans la rue avec des copains, et puis on a rencontré des gars qui avait 10 ans de plus que nous, comme des grand-frères de 25 ans qui t’apprennent la vie. Avec eux on allait sur un terrain vague à côté de chez moi où des gars faisaient des fresques à la bombe, avec des scènes, des personnages, des décors etc. Ça m’a subjugué, j’ai troqué ma planche contre des bombes. Je faisais partie de ces mecs qui n’aimait ni la console ni le football, fallait bien que je fasse un truc, donc tous les week-ends on allait au terrain vague. C’est là que j’ai appris tout le côté technique du graffiti. Ça a duré des années, et forcément quand il a fallu s’orienter, faire des études, je me suis dit qu’il fallait que je fasse du dessin.

Tu es aussi passé par le graffiti vandal ?

Bien sûr, en tant qu’ado on cherchait aussi le grand frisson. J’ai fait toutes les conneries, descendre sur les voies ferrées la nuit, aller peindre des trains, aller peindre des autoroutes, aller dans les tunnels de métro etc. Mais j’étais pas un grand aventurier et je n’avais pas forcément de grosses revendications, c’était plus l’envie de dessiner et de faire des trucs un peu sympa. J’étais aussi avec des mecs qui étaient beaucoup dans le dessin et j’avais envie de faire des belles fresques. On était moins dans la culture du « j’exporte mon nom partout », moins d’ego-trip. C’était plus un truc collectif où on se faisait plaisir, la semaine on trouvait un thème et le week-end on allait peindre.

Comment tu perçois l’intérêt grandissant pour les arts urbains dans l’espace public ?

Il y a eu un vrai essor là-dessus en France, il y a beaucoup de business qui se sont montés autour de ça, beaucoup d’agences se sont spécialisées dans la peinture et dans le développement de l’environnement urbain. Plus les projets passent, plus on nous fait confiance, plus les gens qui viennent nous voir sont des gens sérieux avec des budgets sérieux, et les projets sont de plus en plus fous. Là c’est un terrain de tennis, mais on nous a appelés pour peindre des trains, on va peut-être avoir un projet pour peindre des avions, ça commence à être vraiment sympa. 

Ça ne doit pas toujours être évident de concilier le côté très libre du graffiti avec le côté parfois rigide des interlocuteurs institutionnels ?

En effet il y a beaucoup de sacrifices au début, parce que c’est un business naissant, on ne sais pas si ça va être juste un mode, si ça va passer, on ne sait pas trop comment ça va vieillir. Le graffiti est une culture qui est en train de se renouveler. Les premières images du graffiti comme on le connait, bon, j’ai pas peur de dire que je trouve que c’est un peu une image vieillissante. Les lettrages, les flèches, les persos avec les ghetto blaster et tout ça, c’est l’empreinte d’une époque, aujourd’hui c’est un peu tombé dans la culture populaire. Il fallait que les acteurs de ce milieu le réinvente. Le projet qu’on a fait, c’est une bonne façon de réinventer le truc, on trouve cet art-là dans des environnements où à la base on ne l’attendait pas du tout. Et le sport est une super passerelle pour ça, au niveau de l’esprit et de ce que ça peut représenter comme valeurs, et le côté social qu’il y a derrière, c’est percutant. Ça nous donne envie d’en faire un autre, et avec ce qu’on a appris aujourd’hui, le prochain terrain sera encore mieux, fait plus rapidement, on va taper encore plus fort quoi.

Tu penses que l’image du graffiti est en train de changer ?

Le graffiti a été stigmatisé à fond, on l’a poussé vers le bas. Aujourd’hui quand on entend parler de graffiti dans les municipalités c’est des pauvres ateliers avec des gamins qui peignent sur des bâches, c’est un peu prostituer cette culture en un sens. Aujourd’hui il y a des mecs qui peignent dans la rue qui sont des artistes internationaux, qui vendent des toiles dans des galeries à plus de 20 000 dollars, qui sont tous les week-ends dans des pays différents, qui sont cotés sur le marché de l’art contemporain… Donc ça il faut l’expliquer, tout le monde n’a pas la même éducation avec l’art. Une des grandes avancées c’est qu’il y a de plus en plus de liberté pour les artistes, c’est ça qui va créer la vraie richesse, on fait confiance aux artistes. Les artistes deviendront meilleurs et plus forts si on leur mets dans les mains des projets qui vont les faire s’épanouir. 
















Comment as-tu commencé à faire ces personnages ?

J’ai eu l’idée de créer des petits personnages inspirés de la culture manga et BD il y a un moment, et j’ai commencé à faire les premières personnalisations avec le style que j’ai actuellement en 2013. Au début je faisais des images de profil Facebook pour des amis, et puis d’autres amis m’en ont aussi demandé, puis des amis d’amis, etc. J’ai commencé à avoir une bibliothèque de personnages sympas. J’ai ensuite proposé aux gens d’avoir leur propre t-shirt, et après j’ai décliné sur des thématiques de la pop culture, du sport, de la musique etc. 

Comment ça s’est passé la rencontre avec Djoko ?

J’étais à Tokyo, Novak venait de faire un truc assez dingue, il venait de gagner quatre grands chelems à la suite, et je savais que c’était un joueur avec qui je voulais faire quelque chose. J’ai fait un premier t-shirt de lui que j’ai pu passer à un journaliste français qui a pu lui donner à l’U.S. Open 2016, dans les travées du tournoi. Et je n’ai pas eu de nouvelles jusqu’en 2018, pendant Roland-Garros. Un pote m’appelle pour me dire qu’une femme porte un de mes t-shirts à la télé. J’allume la télé et je vois que c’est la femme de Novak qui porte le t-shirt que je lui ai offert deux ans auparavant. Je me suis dit qu’ils avaient dû aimer, et pas mal de gens ont fait des screenshot pour savoir où se procurer le t-shirt. Au bout de quelques jours je l’ai mis en vente en reversant une partie des ventes à la fondation Novak Djokovic. Et c’est là que la femme de Novak est revenue vers moi pour me dire qu’ils aimaient beaucoup le t-shirt et l’initiative. On a répété l’opération à l’U.S. Open, et ça a bien marché, j’en ai vendu en Chine, en Australie, aux Etats-Unis etc. A partir de là on s’est rapproché avec Lacoste pour collaborer, et aujourd’hui le personnage est sur un vrai terrain de tennis, c’est top.

Quelles sont tes inspirations ?

Moi j’ai grandi avec la BD, dans la quatrième de couverture de télé poche il y avait une page de BD boule & Bill, c’est là que j’ai commencé à dessiner, en CP ou CE1. Et il y avait aussi toute la vague des mangas japonais qui arrivait en France, c’est ce qui m’a donné envie de faire ça. Quand j’ai commencé en 2013, il y avait aussi une grosse mode des Bitstrips, les avatars snapchat, maintenant c’est passé, mais encore aujourd’hui beaucoup ont des images de profil d’avatars iPhone. C’est aussi dans l’ère du temps qu’il y ait des avatars un peu partout.

Quel rapport as-tu au sport ?

Je suis fan de sport depuis tout petit, foot, basket, tennis, grâce à mon grand-frère et mon père. Je jouais beaucoup et je dessinais aussi beaucoup, et je savais que j’allais faire un boulot en rapport avec le design ou l’art. En grandissant, j’ai vu que je pouvais allier les deux, et j’ai utilisé des connexions que j’ai avec des joueurs de basket, de rugby, et de handball, pour gagner en visibilité sur mon projet.

Tu pratiques encore ?

Moins aujourd’hui, je faisais beaucoup de foot, de basket, et j’ai toujours aimé le tennis, sans avoir l’occasion de pouvoir y jouer beaucoup, c’est marrant de voir le terrain de Clichy, c’est le genre de terrain que j’aurais dû avoir quand j’étais petit. (rires) C’est pour ça que je suis très content d’avoir collaboré avec Etendart et Opéra sur ce projet, le fait de passer du textile, du motion design, au street art, sur un projet de terrain de tennis, c’est vraiment super. En tant que fan de dessin et de tennis j’aurais vraiment aimé avoir un terrain comme ça quand j’étais petit pour apprendre, c’est vraiment un très beau projet et une super initiative.












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