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Le freestyle selon Charly Melloul, entre danse et streetball

Charly Melloul est accro à la balle orange. Tombé dedans dès le plus jeune âge, il s’est inspiré du streetball et de And1 pour définir un style fait de danse Hip-Hop qu’il présente dans la rue ou sur Instagram. Du jeu NBA Street 2 jusqu’à Suitman, le personnage qu’il a inventé, nous avons parlé de sa passion pour le basket version freestyle.

J’ai commencé vers 13 ans. J’allais sur les terrains avant qu’il y ait du monde pour essayer de reproduire les mouvements que je voyais dans les vidéos de And1, ou les images du jeu vidéo NBA Street 2. 

J’étais petit en taille et je ne pouvais pas utiliser mon physique. J’étais donc amené à dribbler pour passer un joueur. Et dans NBA Street 2 il y avait justement un personnage, Biggie Little, qui était tout petit mais qui arrivait à faire des trucs incroyables. Il arrivait à passer les joueurs avec des figures super cool. Beaucoup de mouvements de mon vocabulaire de freestyle viennent de ce joueur.

Avec le streetball, qui permet une grande liberté, j’ai commencé à faire de plus en plus de choses. Même des moves “interdits” comme le “slip and slide”, où tu roules sur le sol, ce qui déstabilise souvent le joueur. Ou encore le mouvement de Hot Sauce de And One, le “hurricane”. C’est un mouvement où on risque de faire une portée, et qui n’est pas bien vu en club.


Dans le streetball, il y a deux styles différents. Il y a le côté And1, où on fait beaucoup de mouvements, beaucoup de dribbles. Avec des 1 contre 1 qui se passent en plein match, où les deux gars qui savent bien jongler s’affrontent. L’un va par exemple essayer de créer une illusion pour que l’autre tourne la tête et cherche la balle. 

Il y a une notion d’humiliation ?

Carrément. Après ça dépend comment c’est fait. En général les gens rigolent. On veut humilier l’adversaire, on veut lui montrer qu’on est le meilleur, qu’on a réussi à faire le trick. C’est proche de la magie en fait, c’est proche de l’illusion, c’est tout un talent.

Après il y a le streetball européen, voire à la française. Le streetball dur, c’est la réputation qu’on a. Avec du jeu agressif où on siffle moins les fautes. Dans le streetball, il y a plus de liberté, et l’arbitre est toujours plus laxiste. Aux Etats-Unis c’est pour laisser le spectacle, en France c’est pour laisser plus de dureté. 

Le basket a vraiment évolué vers des disciplines différentes. Le basket 3×3 est apparu, et il a maintenant une ligue, la FIBA. On a aussi le Stunt Ball, qui a été créé par l’ancien freestyleur Ice The Flow. C’est un hybride entre le basket de rue et le Quidditch (rires). Parce que l’arceau n’est pas dans le même sens. Il est à la verticale. 


Il y a différents types de freestyle basket. Il y en a qui vont être très pur, basé surtout sur le “spin” – faire tourner la balle sur le doigt – ce qui est la base du freestyle basket. Ou faire tourner la balle sur soi, ce qu’on appelle du “rolling”. Moi j’associe la danse pour ajouter du flow, faire un mélange des deux.

En freestyle on va utiliser des mouvements qui sont presque des exercices à la base. C’est aussi la recherche avec l’univers du Hip-Hop, le lien avec cet univers du battle etc. Je pense que ces disciplines sont un peu hybrides, avec un mélange de sport et d’acrobaties. C’est vraiment le mélange entre la performance, l’univers sportif, et l’univers musical qui réunit tout ça. 


Je suis entré dans une compagnie en 2015, j’ai fait la rencontre de Mourade des Vagabond Crew. Il m’a montré la rigueur de la danse, et m’a incité à avoir autant de rigueur pour le freestyle. De là, j’ai beaucoup pratiqué la danse, j’ai essayé le Krump, du Break, du Hip-Hop, un peu de New Style… 

J’ai énormément mélangé le freestyle avec la danse. Je voulais aller vers le contemporain pour faire des shows avec de l’émotion, tout en gardant la puissance du Hip-Hop et le côté spectaculaire du streetball. 

Là où je m’entraîne, il y a plein de musiques différentes. Je me mets à côté des danseurs pour m’inspirer et reproduire certains mouvements. j’ai déjà dansé sur du tango par exemple. J’ai toujours fait les choses à ma manière pour avoir un style large et complet, en permanente évolution. 

La musicalité est ce qu’il y a de plus important, je l’ai compris auprès des danseurs. Rien que de caler le mouvement du ballon sur le son, c’est super kiffant à voir et à faire. Ça joue énormément quand je fais des battles “All Style” où j’affronte des danseurs.


La rue c’est important pour moi, ça me permet d’aller danser n’importe où. Que ce soit pour s’entraîner ou pour faire un spectacle de rue. Même quand on s’entraîne, on a toujours un public et des réactions en direct, c’est super.

C’est le spot classique pour moi, on y retrouve toutes les disciplines. Moi qui cherche des styles différents, c’est l’endroit parfait. Il y a aussi d’autres freestyleurs foot ou basket qui vont là-bas. 

C’est un endroit très connu où il y a beaucoup de personnes qui vont s’entraîner. Il peut y avoir du jonglage, de la salsa, ou même des gens qui font de la boxe.

C’est un endroit où on n’a pas apprécié qu’on vienne s’entraîner, et qui est devenu notre nouveau spot. Il y a une sorte d’âme, avec ce côté entreprise. En général on nous tolère mais on n’est pas toujours bien accueilli partout. Il faut s’adapter, on est sur le bitume, on met la musique, et on voit si les gens s’arrêtent.


La première fois que j’ai fait un show dans la rue c’était à Los Angeles. J’étais tout seul, j’avais pas de style, j’étais pas prêt, j’avais une trop petite sono… Mais je m’étais lancé le défi. Et j’ai gagné mes premiers dollars comme ça.

Là-bas c’est beaucoup plus organisé. Il y a des lieux complètement libres d’accès comme à Venice Beach. Et il y a aussi des endroits où les places sont bien définies, où on paye pour y faire des shows, comme sur la jetée de Santa Monica. Il y a une vraie organisation autour de tout ça là-bas. Ils savent que les gens aiment et que ça amène des touristes. 

En France on n’a pas de lieux comme ça. Excepté dans le métro où on autorise des musiciens. Mais ça n’a toujours pas été organisé, c’est juste toléré. Et on ne sait jamais trop si on a le droit, on nous dit oui, on nous dit non… C’est assez flou. 


Suitman a été créé il y a deux ou trois ans. A l’époque, je faisais beaucoup de vidéos à la Défense avec Jika Manu, du crew Undergroove, et on était souvent déguisés. Un jour j’avais fait un entretien d’embauche donc j’étais en costume cravate… Et je suis allé faire des vidéos en costard. On a tellement rigolé qu’on a gardé le personnage, qu’on a ensuite amélioré.

Le contraste d’avoir des danseurs habillés street et d’avoir un gars en costume avec des lunettes qui fait du Hip-Hop, et qui en plus sort une balle de basket… Ça marche bien. Avoir son personnage avec son nom, ça donne aussi une force. On est dans l’interprétation de quelque chose. 

Suitman est partout, il a fait deux apparitions dans des clips récemment, parfois je suis surpris de le voir (rires). Dès que j’ai l’occasion d’être en Suitman j’y vais, c’est un délire. Dès que je suis en costard, Suitman apparaît. 


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