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Alice Lemoigne, une championne du monde de longboard engagée

À 24 ans, la longboardeuse réunionnaise Alice Lemoigne possède déjà un palmarès à en faire rougir plus d’un.e. Multiple championne de France et d’Europe, elle a également décroché le titre de championne du monde du ISA World Longboard en 2019 à Biarritz. Placée sur la troisième marche du podium mondial, elle met aujourd’hui sa renommée grandissante au service de l’écologie via différentes associations. Interview bien waxée.

Comment décrirais-tu le longboard ?

Alice Lemoigne : C’est vraiment le surf des origines, qui était pratiqué à Hawaii. Là-bas ils ont tous commencé par le longboard. On a une planche plus grande et le but est de marcher dessus, c’est presque de la danse en fait, avec des chorégraphies etc… C’est un peu plus esthétique que le surf classique qui peut être assez agressif. On va chercher des vagues assez longues, qui déroulent sur tout le long.

Pourquoi as-tu choisi le longboard ?

J’ai longtemps fait du surf, puis je me suis mise au longboard et ça m’a beaucoup plu. Et puis c’était assez compliqué de gérer les voyages et les compétitions pour les deux. J’ai dû faire un choix, et ça a été le longboard.

Ça ne doit pas être évident de voyager avec une planche aussi grande…

C’est le seul inconvénient. Ma planche fait 2,80 mètres, et puis je n’en prends pas qu’une… Moi j’en prends trois ou quatre… C’est presque un convoi spécial (rires).

Tu recherches quoi sur ta planche ? 

Je cherche à travailler ce qui va me faire gagner des points en compétition. Faire des manœuvres qui rapportent le plus de points. Le but en compet’, c’est d’enchaîner plusieurs manœuvres critiques. 

Tu vois différents styles dans le longboard ?

Certains préfèrent le surf classique d’avant, et d’autres préfèrent surfer avec la même approche qu’ils ont sur une petite planche. La version classique est beaucoup plus rétro, il faut être hyper smooth, hyper relâché sur la vague etc… D’autres préfèrent avoir un style plus agressif, mettre des énormes rollers, des airs etc… 

Comment le surf a évolué selon toi ?

C’est vraiment un sport très répandu aujourd’hui, tout le monde en fait maintenant. C’est devenu hyper populaire. Il suffit d’aller sur la côte Basque pour le voir, c’est rempli de monde, plus qu’à la Réunion.

Quand j’étais jeune, j’ai galéré pour avoir des sponsors. Mais uniquement parce que j’étais plus dans la performance sportive que dans le lifestyle, où il faut porter des strings pour aller à l’eau.

Alice Lemoigne

Comment le surf ou le longboard pourraient évoluer ?

Le longboard est une discipline qui progresse et qui est très innovante. Comme c’est assez proche de la danse, il y a tout le temps de nouvelles chorégraphies, il y a plein de choses à faire encore. Et puis c’est un sport que les gens adorent regarder. Ils arrivent plus à se projeter sur cette longue planche. De plus en plus de monde va s’y mettre. Pour une personne âgée par exemple, c’est plus facile de faire du longboard que du surf. La prochaine évolution, j’espère que ce sera les Jeux Olympiques.

Le surf et l’écologie vont naturellement ensemble ?

On est tout le temps dans l’océan, dans l’eau. L’océan nous accueille, donc on y fait attention. Comme on voyage beaucoup on voit bien l’état des océans, le plastique dans l’eau etc… Rien que la crème solaire, c’est hyper nocif pour l’océan, il y a pleins de produits toxiques qui nuisent aux récifs. Du coup il existe des crèmes bio maintenant. D’ailleurs je suis ambassadrice de la marque EQ, qui propose justement ce genre de crèmes.

Tu es très engagée sur la question, notamment auprès de l’association Water Family. Tu peux nous en dire plus ?

Je voulais sensibiliser les jeunes, et mobiliser les sportifs pour l’océan. C’est aussi à nous d’adopter les bons gestes, et faire prendre conscience aux autres de leur importance. Je suis ambassadrice et j’interviens dans les écoles. Les enfants sont très, très réceptifs, surtout les plus jeunes. Dans les collèges, avec les classes de 3ème par exemple, c’est beaucoup plus compliqué. Ils ne s’en foutent pas mais ils ne sont pas hyper emballés par ce que je leur raconte. Après ça dépend aussi d’où ils sont situés. Ceux qui sont moins proches de l’océan se sentent moins concernés. 

Qu’est ce que tu penses des problèmes de sexisme dans le surf ? Ce ne sont pas toujours les meilleures surfeuses qui ont les meilleurs sponsors…

Quand j’étais jeune, j’ai galéré pour avoir des sponsors. Mais uniquement parce que j’étais plus dans la performance sportive que dans le lifestyle, où il faut porter des strings pour aller à l’eau. Ce n’est pas du tout ma tasse de thé, donc ça n’a pas été simple de trouver des sponsors. Malgré ça, j’ai commencé à entretenir mes réseaux sociaux et à porter des messages forts qui étaient importants pour le milieu dans lequel je suis. 

Comment faire évoluer ça ?

Le problème c’est le marketing. Pour les marques il faut toujours que la fille soit hyper bien foutue pour vendre leurs maillots, c’est presque des mannequins. Donc avec une femme sportive qui fait des compétitions, ils pensent que leur maillot va moins être vu, va moins attirer les filles sur Instagram, etc… On a aussi le problème des jeunes sur les réseaux sociaux. Ils sont toujours là à regarder les influenceuses, à vouloir être comme elles, à vouloir leur ressembler… C’est quelque chose de grave je trouve.

Alice Lemoigne en vidéo ↓


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